3 pratiques à changer si on veut des salaires justes dans le communautaire

Ceci fait partie d’une série de billets traitant des conditions de travail dans les organismes à but non lucratif, qui seront diffusés tout au long du moi de mai. Suivez-nous sur Facebook et Twitter pour recevoir nos autres posts!

 

Cette semaine, chose assez commune, j’ai reçu un appel avec une de mes questions préférées: est-ce que les organismes à but non lucratif sont réellement tenus de respecter la Loi sur les normes du travail? Pour simplifier: est-ce que la loi s’applique réellement à nous?

La réponse à cette question est assez simple (oui, la Loi sur les normes du travail s’applique au secteur à but non lucratif), mais elle s’inscrit dans une tendance forte, que la plupart d’entre-nous nous connaissons trop bien. Une croyance étrange et frustrante est assez répandue, voulant que les employé.e.s du secteur communautaire, ayant comme mission de faire le bien, devraient endurer des salaires de misère, des heures supplémentaires interminables, des descriptions de tâche absurdes et une instabilité totale.

La discussion entourant les pratiques de travail des organismes à but non lucratif commence souvent avec des attentes frôlant l’exploitation et une certaine confusion quant à l’importance de prioriser le bien-être du personnel. On en vient souvent à devoir convaincre les organisations de respecter, à tout le moins, les normes légales de base, ce qui entre en contraste (en tous cas je l’espère) avec notre désir que le secteur sans but lucratif incarne le changement que nous voudrions voir dans le monde. Quand on parle de pratiques de travail équitables, il semble que la plus difficile à mettre en place soit celle de payer ses employé.e.s un salaire décent.

Un des problème qui mine ces discussions est l’attitude décrite ci-haut – comme quoi lorsqu’on parle de dévotion à une cause, il est mal vu de parler de salaire. Par contre, un autre problème évident qui surgît est l’absence de fonds dans les groupes communautaires, qui comptent sur des sources de financement inconstantes pour faire face aux besoins grandissant de leurs communautés. Pour la plupart des organismes à but non lucratif, il est difficile de payer son personnel un salaire décent.

Ceci étant dit (et en l’honneur du 1e mai) voici les trois habitudes les plus communes qui nous empêchent de réaliser notre rêve de payer (et recevoir) un salaire décent.

1. Mettre la barre trop basse. Si vous commencez un programme en payant vos employé.e.s de sensibilisation le salaire minimum, dans l’espoir de l’augmenter plus tard, vous n’avez pas réglé la question du salaire décent, vous n’avez fait que reporter le problème. De plus, il semblerait qu’il est beaucoup plus difficile de convaincre ses bailleurs de fond d’une augmentation de salaire qu’il ne l’est d’établir dès le départ un salaire décent permettant à vos employé.e.s de vivre au-delà du seuil de pauvreté.

2. Promettre plus, plus, toujours plus. On nous demande toujours d’en faire plus avec moins – au point tel où on offre bien souvent de livrer plus et ce, avant même qu’on nous l’ait demandé. Il en résulte qu’advenant la rare éventualité où notre financement soit augmenté, nous promettons un plus haut rendement plutôt que d’offrir à notre personnel les hausses et indexations méritées et attendues depuis longtemps. Cette norme est si profondément ancrée dans le secteur qu’il est parfois difficile de se justifier. Mais regardons les choses en face: il y aura toujours plus à faire, et le moment idéal pour commencer à mieux payer nos employé.e.s n’arrivera probablement jamais. Il est grand temps qu’on commence à dire: «  si vous augmentez notre financement, nous n’allons pas pour autant accroître l’offre. Nous allons plutôt payer notre personnel adéquatement pour la première fois depuis 30 ans, non seulement parce qu’il le mérite, mais parce ce que ceci bénéficiera directement notre organisation et notre clientèle. » Il est possible d’être clair quant à vos demandes et vos besoins. Vos emloyé.e.s le valent bien!

3. Ne pas croire qu’on puisse gagner. Une des croyances qui explique ces bas salaires vient de la fausse impression que les bailleurs de fonds ne couvrent pas les salaires. Toutefois, à tâche égale, on dénote des inégalités majeures entre les salaires dans le secteur. Ce ne sont pas les bailleurs de fonds qui établissent les salaires de base, mais vous!

Quels sont les obstacles dans votre organisme à payer des salaires justes– ou, si vous le faites déjà, comment y êtes vous arrivés?