Pour gagner le combat pour un salaire minimum de $15, les organismes communautaires sont essentiels

Ceci est le premier d’une série de billets traitant des conditions de travail dans les organismes à but non lucratif, qui seront diffusés tout au long du moi de mai. Suivez-nous sur Facebook et Twitter pour recevoir nos autres posts!

Partout en Amérique du Nord, la campagne pour l’augmentation du salaire minimum à 15$ de l’heure bat son plein. Au Canada, New Westminster était la première ville à instaurer un salaire minimum vital à plus de 20$ de l’heure pour tout.e employé.e (salarié.e ou contractuel.le) travaillant pour la municipalité. Récemment, les États de la Californie et de New York annonçaient tous deux l’augmentation du salaire horaire minimum à 15$ – bien que celle-ci sera instaurée de manière progressive, avec des échéanciers à plus long terme pour certaines petites entreprises. Malgré ces bémols, la campagne de lutte pour 15$, connue en anglais sous le nom de Fight for $15, est un rare exemple de coalition de groupes communautaires et syndicaux obtenant des gains pour les travailleuses et travailleurs.

En effet, ces victoires sont le résultat direct de campagnes menées par les travailleuses et travailleurs à faible revenu et leurs allié.e.s. À l’heure où l’agenda social et économique semble dominé par les intérêts des corporations et caractérisé par des inégalités croissantes, la campagne de lutte pour 15$ est pour nous une véritable bouffée d’air frais.

Pourquoi $15 et pourquoi maintenant?

Au salaire minimum actuel, un emploi à temps plein ne permet pas aux travailleuses et travailleurs de dépasser le seuil de pauvreté. Ajoutons à cette problématique le fait que les emplois précaires se multiplient, avec de plus en plus de personnes travaillant avec des contrats temporaires et aux prises avec des heures de travail instables et irrégulières. Cette restructuration fightfor15protest_800_519_80des emplois est née d’une stratégie consciente de la part des compagnies, leur permettant d’augmenter leurs profits sur le dos des employé.e.s. Les gouvernements demeurent complices de ce processus, à la fois en le supportant (en particulier avec une taxation injuste) et en feignant de ne pas être au courant des nouvelles pratiques et des abus qui minent actuellement le milieu du travail– des façons de faire évidentes dans des rapports comme celui-ci, ceci, ceci et cela (tout en anglais).

Entre autres, ces complexités ont été décrites dans une étude menée par l’Institut de recherche et d’information socio-économique. Leur recherche fait état non seulement d’un besoin criant pour l’augmentation du salaire minimum à 15$, mais démontre aussi que, dans bien des cas (par exemple, celui de la monoparentalité ou des emplois à temps partiel) même $15 serait insuffisant. Ça n’est véritablement qu’un minimum – et il est grand temps qu’on y arrive.

Vers une tactique de l’offensive.

Les politiques d’austérité récentes, qui ont menées à des coupures dans bon nombre de programmes de réduction de la pauvreté, n’ont rien fait pour améliorer les choses. Les organisations communautaires, les mouvements sociaux et les syndicats ont déjà tenté de défendre ces programmes, luttant pour protéger un filet social minimum. Avec la lutte pour 15$, cette même coalition se met à l’offensive – travaillant activement à l’amélioration des conditions des travailleuses et travailleurs à faible revenu. fight-for-15-rally

À Montréal, la campagne de lutte pour 15$ a d’abord été lancée par le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI). Elle a ensuite été rejointe par plusieurs autres organisations et syndicats. Nous sommes au tout début de notre implication dans la lutte pour l’augmentation du salaire horaire minimum à 15$ et nous aimerions que vous vous joigniez à nous.

Vous pourriez mettre en place un comité 15$ dans votre milieu de travail, ou encore inviter le CTI à faciliter un atelier pour vos membres. Suivez ce lien pour vous tenir au fait des développements et demeurer en contact avec la campagne au Québec.

Eric Shragge est président du conseil d’administration du Centre des Travailleurs et Travailleuses Immigrant-e-s à Montréal.