Projet en savoir plus : découvrir les multiples facettes du secteur communautaire au Québec
En savoir plus vise à dresser le portrait du vécu des nombreux groupes anglophones, bilingues et ethnoculturels du Québec. Par les différentes phases du projet, nous espérons découvrir les diverses caractéristiques et tendances de ces groupes.
- À quoi ressemble votre réseau?
- Vous sentez-vous exclus des grands processus décisionnels auxquels vous devriez participer?
- Si oui, comment expliqueriez-vous cette exclusion ou cette marginalisation?
Notre recherche vise à créer une plateforme pour la reconnaissance et l’inclusion des groupes communautaires du Québec dans les réseaux et organismes de financement du gouvernement. En bref, nous cherchons à comprendre comment étendre votre visibilité, votre influence et votre participation au sein du secteur communautaire et de la société civile.
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Table des matières
Quelques résultats du projet EN SAVOIR PLUS jusqu’à maintenant :
Automne 2011
717 groupes communautaires anglophones, bilingues et ethno-culturels étaient basés dans les régions suivantes : Montréal, Laval, Estrie, Abitibi-Témiscamingue, Outaouais, Laurentides, Montérégie et Capitale nationale.
254 groupes ont complété le questionnaire.
L’analyse préliminaire fait ressortir quatre conclusions principales (voir plus bas).
Les données de l’année 3 sont en cours de compilation. Un rapport final sera publié en 2012.
Pour plus d’informations sur la recherche, vous pouvez consulter l’article suivant : Blumel, S. et Ravensbergen, F. (2011). In the Know: Preliminary results of a study on the relationship between community groups serving the English-speaking, bilingual and ethno-cultural communities of Quebec and the Government of Quebec. Journal of Eastern Townships Studies, No. 36, pp. 119-136.
Quatre conclusions principales
1. Les groupes ont tendance à être petits et résistants
Globalement, les groupes qui ont complété le questionnaire sont petits et résistants. Ils répondent à des besoins sociaux diversifiés, dans plusieurs langues. Par exemple, 66% des groupes sondés ont cinq employés ou moins à temps plein et 69% existent depuis 11 années ou plus.
2. Les communications entre les groupes et le gouvernement du Québec représentent un défi
D’une manière générale, les groupes ne semblent pas faire une vaste promotion de leur existence. Ils ne semblent pas non plus «parler le même langage» que le gouvernement, non pas principalement au niveau de la capacité de s’exprimer en français, mais surtout au niveau de la compréhension et de l’utilisation du vocabulaire et des concepts.
La promotion de leur existence :
27% des groupes qui ont complété le questionnaire pour l’année 1 n’avaient pas de présence sur internet. Ces résultats ont entraîné une réponse rapide : leur accès au web a été rendu possible grâce au site internet du COCo.
Voir la carte de «In the Know» au Québec
Parler une langue et un langage différent :
Plusieurs groupes sondés ont la capacité de parler, lire et écrire en français. Toutefois, une bonne capacité de travailler en français semble être un avantage pour obtenir du financement.
Durant l’année 1, parmi les 81 groupes recevant un financement de la mission globale, 80 groupes ont répondu à la question portant sur les habiletés langagières. 82,5 % (66) de ces 80 groupes ont répondu être «très capable : plusieurs personnes parmi nous peuvent» lire et écrire en français. Parmi les 98 groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale et qui ont répondu à la question portant sur les habiletés langagières, 44 % ont dit qu’ils étaient très capables de lire et d’écrire en français (43 groupes). Ce résultat suggère que les groupes ayant une capacité moindre de travailler en français sont plus susceptibles d’être privés de financement. Il est probable que d’autres facteurs entrent en ligne de compte, mais ces données mettent potentiellement en évidence l’utilité d’être capable de travailler en français dans les groupes communautaires.
Plusieurs groupes semblent parler un autre langage que celui du gouvernement dans la compréhension et l’utilisation des mots et des concepts. Par exemple, en réponse à la question sur le secteur desservi par le groupe, 78 % des groupes ne se sont pas définis d’une manière semblable à la définition gouvernementale et ont choisi d’«auto-décrire» leur travail. (Le questionnaire identifiait les secteurs de travail sur la base des catégories de financement du gouvernement : santé et services sociaux, immigrants et communautés culturelles, éducation, arts, etc.).
Les groupes qui reçoivent un financement de la mission globale connaissent avec plus de clarté le ministère avec lequel ils doivent travailler. À la lumière des résultats de l’année 1, parmi les groupes qui reçoivent présentement un financement de la mission globale (n=81), 73 ont répondu à la question portant sur le secteur et 16 groupes ont rempli la boîte de texte optionnelle leur permettant de décrire davantage le secteur dans lequel ils travaillent. Parmi les groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale, mais qui semblent correspondre aux critères d’un tel financement, 47 (n=62) ont répondu à la question portant sur le secteur et 30 groupes ont utilisé la boîte de texte optionnelle pour décrire leur secteur. Les groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale décrivent avec moins de précision leur travail d’une manière qui faciliterait la communication avec les bailleurs de fonds.
3. Certains groupes sont exclus des possibilités de financement
42 % des groupes qui ont répondu au questionnaire reçoivent du financement de la mission globale. Ce résultat a été une agréable surprise de cette étude. Le financement de la mission globale fournit des montants de base pour le maintien de l’organisme au fil du temps, réduisant ainsi la précarité du financement que vivent plusieurs organismes qui doivent survivre avec un financement irrégulier par projet. Il s’agit d’une situation souhaitable pour plusieurs groupes.
Un total de 40 groupes, parmi les 67 qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale mais qui semblent remplir les critères pour s’y qualifier, travaillent avec les communautés ethno-culturelles. Il ne semble pas y avoir une enveloppe budgétaire pour ces groupes.
4. Plusieurs groupes participent à des réseaux
73 % des groupes sondés sont actifs au sein d’au moins un réseau et 43 % sont actifs dans au moins trois différents réseaux. (Le sondage posait la question de la participation à au moins trois réseaux. Il est possible que les groupes soient impliqués dans plus de trois réseaux.)
Toutefois, quelques groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale sont impliqués dans des réseaux québécois autres que des réseaux locaux. (23 % des groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale sont actifs dans des réseaux québécois autres que locaux comparativement à 60% des groupes qui reçoivent un financement de la mission globale). L’implication dans des réseaux autres que locaux mais à l’intérieur du Québec inclut des réseaux tels que le Conseil Québécois des Gais et lesbiennes (CQGL) et la Coalition pour le maintien dans la communauté (COMACO); des réseaux qui fournissent un leadership au secteur. Ces résultats laissent croire que les groupes qui ne reçoivent pas de financement de la mission globale pourraient ne pas être impliqués dans des réseaux qui leur permettraient d’obtenir de meilleures possibilités de financement.
En conclusion, cette recherche met au jour d’importants résultats :
- Cette recherche souligne la contribution des groupes communautaires qui travaillent avec des communautés anglophones.
- La structure de financement actuelle au Québec ne semble pas répondre aux besoins des groupes étudiés dans notre enquête. Ces groupes semblent témoigner d’une caractéristique spécifique aux groupes linguistiques minoritaires. À cause du petit nombre de membres, ces groupes doivent couvrir un large éventail de besoins dans l’organisation, tandis qu’une plus grande communauté permettrait à d’autres groupes d’émerger avec des fonctions plus spécifiques. Le Gouvernement du Québec ne tient pas compte de cette réalité.
- Cette étude soulève des questions sur la manière d’établir une meilleure communication entre les groupes et le gouvernement. Il serait utile de mettre en place des personnes clés dans les ministères que les groupes pourraient consulter, ou, par exemple, d’avoir à disposition une personne bilingue au SACAIS qui établisse la liaison entre les divers départements du gouvernement et les groupes, ou que des ressources soient affectées au niveau du secteur communautaire pour faciliter la communication avec le gouvernement.
- Un autre aspect lié à la communication que cette recherche soulève est que de nombreux groupes ne connaissent pas la Politique de reconnaissance et de soutien à l’action communautaire and the Cadre de référence. Le Cadre de référence ne devrait-il pas être traduit? Ne devrait-on pas organiser davantage de sessions d’information pour expliquer la Politique? Parallèlement à cela s’ajoute la nécessité pour les groupes anglophones et ethnoculturels de pouvoir construire des échanges avec les représentants du gouvernement pour que ceux-ci comprennent mieux le travail effectué et qu’ils sachent comment ces groupes font face aux changements sociaux, à l’exclusion et à la pauvreté au Québec.
- Cette étude suggère qu’il existe un vide de financement des groupes ethnoculturels à compenser, au-delà de leur intégration dans la société québécoise, afin qu’ils puissent traiter des problèmes d’intégration, de changement social, d’exclusion et de pauvreté.
- Ces résultats démontrent que certains groupes sont capables d’obtenir les subventions de la mission globale. Une analyse plus profonde est nécessaire pour comprendre ce qui les différencie des groupes qui ne les obtiennent pas. Il y a aussi la difficulté que représente un financement limité. Même si les groupes y ont droit, il semble que cela soit difficile d’obtenir un financement, si ceux-ci ne reçoivent pas déjà la subvention de la mission globale.
- La participation aux réseaux semble importante. Cependant, de nombreux réseaux sont très locaux (par exemple, les tables de quartier) ou dépassent le périmètre du Québec. La participation limitée aux réseaux du secteur communautaire formel du Québec conduit à un manque d’information pour les groupes et à un manque de leadership nécessaire à un secteur communautaire majoritairement établi au Québec.