Quelques ressources pour pratiquer la reconnaissance territoriale
Récemment, notre équipe a consacré quelques heures pour se pencher sur des questions qui nous préoccupent depuis un certain temps. L’une de ces questions était de savoir comment le COCo voulait intégrer la reconnaissance territoriale – c’est-à-dire la reconnaissance des territoires autochtones sur lesquels nous effectuons notre travail – dans le cadre de nos réunions, quand nous faisons de la facilitation et lors des évènements que nous organisons. Notre conversation sur la reconnaissance territoriale est un travail en progression, à propos duquel vos commentaires sont vivement encouragés! En attendant, nous voulions partager notre processus d’apprentissage à celles et ceux d’entre vous qui envisagent également de pratiquer la reconnaissance territoriale dans leur travail.
Si vous êtes novice dans le domaine des reconnaissances territoriales, voici une riche description de ce qu’elles sont et pourquoi les prononcer.
Ressources sur les reconnaissances territoriales
- L’une des questions qui préoccupait le plus notre équipe était de prononcer correctement les noms des territoires sur lesquels nous vivons et les noms des peuples qui sont les gardiens traditionnels de ces territoires. Cet enregistrement nous a été d’une grande utilité pour apprendre à prononcer Kanien’kehá:ka (la Nation dont les territoires accueillent les bureaux du COCo) et Tiohtiá:ke (le nom traditionnel de Montréal). Notre équipe a pratiqué la prononciation de ces mots en duo jusqu’à ce que tout le monde se sente plus à l’aise.
- La section « Justification » offerte par le site de l’Université Concordia nous a également été très utile, du fait que les raisons derrière le choix de chaque phrase y sont expliquées. Les membres de notre équipe ont lu ce document avant notre discussion, afin que tout le monde arrive avec le même niveau d’information et soit capable de réfléchir à notre propre formulation de reconnaissance territoriale. Vous pouvez trouver ressource en français et en anglais.
- Nous avons également examiné différents exemples de reconnaissance territoriale. L’un de ces exemples était la reconnaissance territoriale propre à Concordia, qui était utile mais un peu « institutionnelle » pour notre contexte. Nous avons également jeté un coup d’œil à la reconnaissance territoriale utilisée par Midnight Kitchen, qui prend la forme suivante :
Cet événement se déroule sur le territoire traditionnel des Kanien’kehá:ka. L’île appelée « Montréal » est connue sous le nom de Tiohtiá:ke dans la langue des Kanien’kehá:ka, et a toujours été un lieu de rencontre pour d’autres nations autochtones, y compris le peuple omàmiwininì ou Algonquin. En tant qu’organisation centrée sur la justice sociale et environnementale, nous pensons qu’il est crucial de connaître les conséquences passées et actuelles du colonialisme. Nous encourageons tout le monde à apprendre davantage sur l’histoire de ces territoires et à soutenir la résistance autochtone ici et sur l’ensemble de l’île de la Tortue.
Faciliter une discussion sur la reconnaissance territoriale
Lors de la préparation de notre retraite d’équipe, nous ne savions pas comment démarrer une discussion sur la reconnaissance territoriale. Il nous semblait important que le geste de reconnaissance territoriale soit ancré dans une réflexion et des actions plus importantes concernant la réconciliation avec l’histoire violente du Canada envers les peuples autochtones.
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Nous avons trouvé les ressources offertes par l’organisation Réconciliation Canada très utiles. En particulier, leur « Kitchen Table Guide for Reconciliation Dialogue: For Individuals, Communities and Organizations », qui présente un plan de facilitation pour ouvrir des discussions sur la réconciliation, nous a été d’une grande aide! Nous avons commencé notre discussion en utilisant cette vidéo portant sur la signification de la réconciliation et avons discuté de cette question en groupe, avant de passer à la question spécifique de la reconnaissance territoriale.
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Nous avons laissé du temps à notre équipe pour se regrouper en duo et pratiquer une formulation de reconnaissance territoriale avec laquelle chaque personne se sentait à l’aise et sincère. Si certains défis liés à la reconnaissance territoriale sont plus théoriques – quels éléments inclure? Comment expliquer une telle pratique à un public qui n’y est pas habitué? Comment s’assurer que notre discours est authentique, et non automatique? –, l’un des obstacles les plus importants résidait dans notre propre confort à pratiquer la reconnaissance territoriale. Nous avons décidé de nous exercer davantage en testant nos formulations de reconnaissance territoriale lors des réunions de notre conseil d’administration et de notre personnel avant de les rendre publiques.
La reconnaissance territoriale comme pratique
Alors que nous discutions de l’idée d’inclure une reconnaissance territoriale dans nos événements et formations, nous avons trouvé une liste d’éléments que nous aimerions inclure dans nos reconnaissances territoriales :
- Décrire notre intention lorsque nous faisons une reconnaissance territoriale, en précisant la mission et le travail quotidien du COCo, en lien avec la réunion ou l’événement spécifique organisé(e) ce jour-là.
- Exprimer notre gratitude pour la possibilité qui nous est offerte de vivre et de nous rencontrer sur ces territoires.
- Nommer de manière spécifique le nom de la Nation et du territoire sur lequel nous nous trouvons.
- Expliquer comment Tiohtiá:ke (Montréal) a toujours été un lieu de rencontre important permettant à différentes nations de se réunir, et comment cela fait écho à l’événement que nous organisons ou animons ce jour-là.
- Inviter le public à apprendre davantage sur l’histoire du territoire et à partager leurs commentaires sur notre pratique (naissante) de reconnaissance territoriale.
- Nous assurer, lors de nos déplacements, de connaître les noms des Nations et des territoires traditionnels que nous visitons, et de les reconnaître de manière spécifique.
Initialement, nous souhaitions également inclure :
- La reconnaissance de l’histoire violente qui a marquée ces territoires et nos relations avec les peuples autochtones, et un geste de reconnaissance envers l’importante histoire de résistance autochtone sur ces territoires.
- D’établir, lorsque cela est possible, un lien avec les événements contemporains et cette histoire de résistance. Par exemple, au moment où nous nous réunissions, se tenait également une réunion d’urgence au sujet des enfants autochtones placés sous la garde des services de protection de l’enfance, en réponse à de nombreuses années de mobilisation d’activistes autochtones.
Cependant, en discutant de nos plans avec des personnes davantage compétentes sur ces questions, nous avons appris qu’il est préférable de séparer l’expression de notre gratitude pour notre présence sur ces territoires de discours dénonçant notre histoire violente, ou portant sur la réconciliation et la réparation. À la place, nous inclurons probablement toujours un geste de reconnaissance envers le travail des organisations autochtones sur nos territoires qui agissent pour le bien-être de leur peuple et de leurs territoires.
Votre organisation a-t-elle une pratique de reconnaissance territoriale? Nous aimerions recevoir de vos nouvelles!