funding, fundraising, funding strategy

Vers des stratégies de financement ancrées dans la compassion et l’amitié

J’étais récemment au téléphone avec une petite organisation à but non-lucratif qui traverse une période particulièrement difficile. Alors qu’elle offre des services essentiels aux familles à faible revenu dans son quartier, la situation financière de l’organisation en question est si compromettante qu’elle risque la faillite. Ayant récemment perdu un important bailleur de fond et n’ayant ni accès au financement de Centraide, ni à l’aide gouvernementale à cause d’un moratoire limitant le financement de nouveaux groupes, la situation paraît sans issue. La personne à l’autre bout du fil était complètement découragée, et pour cause.

Malheureusement, nombreuses sont les organisations avec qui nous travaillons qui sont aux prises avec des situations semblables, tentant de financer leurs mission avec des sources de plus en plus sèches. (C’est aussi notre cas!)

Certes, il y a beaucoup à dire et à écrire sur la question. Je pourrais faire une liste de moyens pour obtenir plus d’argent, mais en fin de compte, j’en reviens toujours à ce conseil crucial: ayez de la compassion pour vous-même et faites-vous de nouveaux amis ! 

Savoir se pardonner

D’abord, il importe de rappeler que vous n’êtes pas seul à faire face à une situation financière difficile. Au cours des dernières décennies, les organisations à but non-lucratif du Québec ont dû se débrouiller avec des fonds toujours décroissants, alors que les demandes de services ne font qu’augmenter. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence: si ces mêmes conditions et cette logique économique ont menées à des coupures dans le financement des organisations à but non-lucratif, elles ont aussi signifié des coupures dans les organisations et les services publiques, causant une hausse du nombre de personnes en quête de soutien de la part des fournisseurs de services du secteur à but non-lucratif.

Vous n’êtes pas responsable des conditions de financement actuelles au Québec, il n’est ni utile pour vous, ni pour votre organisation d’en porter le poids.

La cause est donc structurelle, et bien qu’on puisse lutter contre les effets de l’austérité, les conséquences de ces coupures sur nos organisations sont parfois ressenties comme des échecs personnels. Ce n’est pas le cas. Bien qu’il soit toujours possible de chercher de l’information, des ressources et des stratégies afin d’améliorer votre capacité de financement, vous n’avez aucun control sur le contexte économique plus global.

Vous n’êtes pas responsable des conditions de financement actuelles au Québec, il n’est ni utile pour vous, ni pour votre organisation d’en porter le poids. Je vous invite donc à vous rendre le service suivant : pardonnez-vous! Et pensez plutôt à tout le travail incroyable que votre organisation fait pour simplement survivre. Vous le méritez.

Éloge de l’amitié

funding, fundraisingUne des premières choses que j’ai fait quand j’ai débuté dans le domaine de la collecte de fond a été de me trouver un mentor; une personne merveilleusement expérimentée en collecte de fonds qui a été assez généreuse pour prendre un café avec moi quelques fois par année, pour répondre à mes questions de novices et offrir de l’encouragement.

Image: Juniper avec sa mentor!

 

 

Dans plusieurs équipes, surtout dans les petites organisations à but non-lucratif, la responsabilité du développement du financement retombe sur les épaules d’une ou deux personnes. Bien souvent, ces personnes se sont retrouvées dans cette situation par soucis de justice sociale, n’ayant jamais autrement prévu devenir des collecteurs de fond.

Recrutez un ou deux collecteurs de fond dans votre conseil d’administration, des collaborateurs de l’intérieur

Bien souvent, aussi, ces personnes sont membres d’équipes qui perçoivent la levée de fonds comme un mal nécessaire, faisant en sorte que rares sont les personnes qui sautent joyeusement sur l’occasion de se présenter aux évènements de financement ou de vendre des billets de tirage à leur entourage. La regrettable combinaison de haute responsabilité et de basse appréciation peut devenir stressante et isolante. Il est donc important de chercher du soutien externe. Ça peut faire toute la différence. Le simple fait de trouver un mentor ou encore aller prendre un verre avec d’autres collecteurs de fond peut nous aider à renforcer nos compétences et notre résilience (sans parler de notre santé mentale), nous permettant ainsi de garder le cap!

Un autre conseil? Recrutez un ou deux collecteurs de fond dans votre conseil d’administration, des collaborateurs de l’intérieur. Une personne aussi passionnée par le financement que moi vient tout juste de se joindre à notre CA (coucou Remy!) et sa présence est une source constante de motivation pour moi. La collecte de fond peut être passionnante! L’union fait la force!

Au COCo, nous sommes engagées à aider les organisations en justice social du Québec à relever leurs défis, en offrant des formations, du coaching et de l’écoute, particulièrement pour vous aider à passer au travers des journées où vous recevez votre troisième refus de financement du mois! La sécheresse passera! Entre-temps, restons solidaires.

Juniper Belshaw est formatrice au COCo en questions de financement (entre autres!). Elle apporte 10 ans d’expérience dans la collecte de fonds, avec des organismes tels que À Deux Mains et Dans la Rue.